Lettres sur l’inspiration des Saintes Écritures
Auteur inconnu (19ème siècle probablement)
Table des matières :
1 - Première lettre (à un prédicateur acquis à l’idée de l’inspiration partielle)
1.1 - L’Écriture perd son autorité et ne peut plus être la base et le règle de la foi
1.2 - Pas de vraie base pour douter
1.3 - Impossibilité de déterminer ce qui reste certain
1.4 - La prédication perd toute conviction
1.5 - Les détails aussi sont importants
1.6 - Contradictions apparentes
1.7 - La droiture exige d’être franc vis-à-vis de tous. Ne rien dissimuler aux laïcs
1.8 - La foi doit reposer sur une autorité extérieure
1.9 - Besoin de s’appuyer sur l’autorité infaillible de la Bible
2 - Deuxième lettre (à un croyant ayant besoin de voir plus clair sur l’inspiration)
2.1 - L’incrédulité pénètre les corps religieux
2.2 - Les doutes sur l’inspiration de la Parole de Dieu amènent à une incertitude complète
2.6 - Les récits historiques sont aussi inspirés
2.7 - Dieu a parlé dans le Fils en préservant les hommes d’erreur
2.8 - Des paroles enseignées de l’Esprit
2.9 - La vivante et permanente Parole de Dieu
2.10 - Témoignage de Jésus Christ sur l’autorité et l’inspiration des Écritures
2.10.1 - Valeur de l’Ancien Testament selon Jésus
2.10.2 - Usage que Jésus fait de l’Ancien Testament
2.10.2.1 - Citations des livres de Moïse et Samuel
2.10.2.2 - Citations des prophètes
2.10.2.3 - Citations des Psaumes
2.10.3 - Usage que Jésus fait de l’Écriture après la résurrection
2.10.4 - Certitudes basées sur ce que Christ a dit
2.11 - Témoignage des disciples
2.11.1 - Les auteurs des évangiles au sujet de l’Ancien Testament
2.11.2 - Ce que disent les Actes au sujet de l’Ancien Testament
2.11.3 - Ce que disent les Épîtres au sujet de l’Ancien Testament
2.11.4 - Ce que dit l’Épître aux Hébreux au sujet de l’Ancien Testament
2.12 - Inspiration du Nouveau Testament
2.12.1 - Sujets abordés dans le Nouveau Testament
2.12.2 - Enseignés par l’Esprit
2.12.3 - Écrits revêtus d’autorité
2.13 - Conclusion : inspiration pleine et entière de toute l’Écriture
3.1 - Coté humain des auteurs inspirés
3.2 - Variantes selon les manuscrits
3.5 - Prétendues divergences ou contradictions
Monsieur
J’ai pu vous paraître hier un auditeur bien indifférent ou qui acquiesçait à vos paroles. Il n’en était rien, ni dans un sens, ni dans l’autre ; seulement je n’ai pas cru que le moment fût opportun pour vous faire part de ma douloureuse surprise et des réflexions qui naissaient en moi, en entendant l’exposé de vos pensées sur l’inspiration des Écritures et des Évangiles en particulier.
En parlant de M., vous avez dit ne point partager toutes ses vues ; vous trouviez qu’il allait trop loin. C’est bien ; mais ce qui m’a frappé, c’est ce que vous avez avancé vous-même, et qui, à mon sens, ne diffère que dans le degré des opinions que vous-même reconnaissez être celles de M.. Vos pensées me paraissent, tout autant que les siennes, de nature à ébranler dans les âmes l’unique fondement sur lequel repose la foi.
Vous admettez, je n’en
doute pas, les Écritures de l’Ancien et du Nouveau Testament comme étant la
base et la règle de la foi ; vous admettez leur autorité. Vous les
reconnaissez comme étant la révélation que Dieu nous a donnée de Lui-même et
sans laquelle Il ne peut être connu de nous. Elles sont le dépôt de la vérité.
Or elles ne peuvent être cette règle, elles ne peuvent avoir cette autorité
incontestable et décisive, elles ne peuvent me révéler d’une manière certaine
Dieu et la vérité, qu’autant qu’elles sont tout entières la parole de Dieu
. Paul dit : « La foi est de ce qu’on
entend, et ce qu’on entend par la parole de Dieu ». Si donc toutes les
Écritures ne sont pas la parole de Dieu, si je n’en ai pas la certitude divine,
comment seraient-elles le ferme fondement de la foi ?
Pour me borner aux Évangiles, comment pourrai-je les accepter avec une entière confiance si, comme vous le disiez, ils nous donnent le récit de la vie de Christ et nous rapportent ses discours, non avec une exactitude garantie divinement, mais seulement suivant que se les rappelaient plus ou moins fidèlement ceux qui les ont écrits ? Ainsi s’expliquent, disiez-vous encore, les contradictions évidentes (à votre sens) que l’on trouve dans les Évangiles, et que, sans cela, nous serions obligés de mettre sur le compte du Saint-Esprit. Vous ajoutez, il est vrai, que les évangélistes et les écrivains sacrés, en général, sont garantis d’erreur pour les choses importantes.
À l’égard de cette dernière assertion, je vous demanderai seulement : Qui vous le dit ? Et qui déterminera quelles sont les choses importantes et le degré de leur importance, qui, selon vous, mesurera sans doute le degré de l’inspiration ? Votre raison, votre conscience, votre sentiment, c’est-à-dire vous-même ? Quel fonds pouvons-nous faire sur des êtres déchus et faillibles, comme nous le sommes ; variant dans nos pensées et nos sentiments d’un jour à l’autre, et jugeant, l’un d’une manière, l’autre d’une autre ?
Avez-vous bien réfléchi, Monsieur, à l’effet que de semblables affirmations tendent à produire sur les âmes ? Si les évangélistes ne nous ont pas rapporté les faits avec la plus entière exactitude, sommes-nous assurés qu’ils nous ont donné avec une absolue fidélité les discours et les enseignements de Jésus (*) ? Les différents récits qu’ils nous présentent de la mort et de la résurrection de Christ, ces faits fondamentaux du christianisme, seront entachés de la même incertitude quant aux détails, car, selon vous, ils diffèrent et présentent des contradictions. Si nous les ôtons, ces détails, de l’exactitude desquels nous ne pouvons être assurés, que reste-t-il ? Le fait froid et sec qu’un homme a paru sur la terre, revêtu d’un certain caractère — assez vague, du reste, car c’est par les détails même des récits évangéliques et par les discours de Jésus, que son caractère est nettement dessiné ; et que cet homme a été crucifié et est, dit-on ressuscité. Cet homme, ceux qui ont écrit sa vie le disent Fils de Dieu, mais si leurs récits sont entachés d’erreur, qui me dira que sur ce point ils n’aient pas aussi erré, qu’ils n’ont pas exagéré, qu’ils ne se sont pas trompés en exaltant leur héros ?
(*) Voici ce qu’écrit
quelqu’un de cette école : « Pour mon compte personnel, je répute
certaine l’existence de Jésus Christ, authentiques, la plupart
des mots placés dans sa bouche, véritables, la plupart
des histoires évangéliques, y
compris les plus merveilleuses, sans toutefois y méconnaître l’infiltration de la légende
et sans me
flatter d’un discernement bien précis entre la légende et le fait réel ».
Utopie de Ch. Secrétan.
Il me semble, Monsieur, que votre raisonnement ouvre la porte toute grande à toutes les négations de l’incrédulité, et que, pour ceux qui vous écoutent et reçoivent votre enseignement, la valeur des Évangiles est singulièrement amoindrie, pour ne pas dire perdue. N’en serait-il pas ainsi pour vous ? Quand vous lisez ces Évangiles du haut de la chaire, le faites-vous avec la conviction que vous apportez à vos auditeurs les paroles de Dieu ? Et eux-mêmes, au lieu de s’incliner devant les Écritures, ne se diront-ils pas ou ne seront-ils pas portés à se dire, dès qu’un détail choquera leur raison, dès que se présentera une difficulté pour leur intelligence bornée, ceci est de l’homme qui a écrit le livre, c’est une exagération, c’est une pensée de ces temps-là, c’est une accommodation aux préjugés de l’époque ? Et, hélas ! les paroles mêmes du Seigneur n’échapperont point à cette critique profane, puisqu’elles sont rapportées par des hommes qui pouvaient se tromper et les altérer dans leur mémoire. Les fondements mêmes sont ainsi ébranlés dans les âmes des simples.
Vous direz peut-être que les détails des récits évangéliques n’ont aucune importance pour la foi. Aucune importance ? Mais ils concernent la vie du Fils de Dieu sur la terre, et Dieu n’aurait pas pris soin que tout ce qui se rapporte à Lui nous fût transmis avec la plus entière certitude ! Il aurait permis que des légendes vinssent mêler leurs fictions à cette vie sainte, et que nous ne fussions pas certains si tel fait ou telle parole attribués à Jésus sont bien de Lui ! Assurément non, et pour un cœur simple et fidèle, tous les détails de la vie du Sauveur présentent un enseignement. Tous sont donnés et garantis de Dieu.
L’Éternel dicta
minutieusement à Moïse tous les
détails, jusqu’au moindre, de ce qui devait entrer dans la construction du
tabernacle ; à Noé, Il dit avec la plus grande minutie comment l’arche
devait être faite ; dans ces deux cas, d’une manière évidente, rien
n’était laissé à l’arbitraire de l’homme. Et lorsqu’il s’agit des détails de la
vie de son Fils ici-bas, Dieu y attacherait si peu d’importance qu’Il
laisserait à la mémoire et aux facultés bornées d’hommes faillibles et sujets à
être influencés, le soin de nous les rapporter plus ou moins fidèlement, avec
des inexactitudes et des contradictions ! Le caractère même de Dieu et la
gloire de son Fils ne nous défendent-ils pas d’admettre une telle pensée ?
Bien plus ; Il aurait permis qu’il y eût quatre récits différents de cette vie divine de Jésus, au lieu d’un qui aurait suffi, semble-t-il ; et selon vos pensées, ce ne serait pas pour manifester les divers caractères et les gloires variées de son Fils, mais afin de devenir, pour ainsi dire, des causes de doute en présentant des contradictions. Cela est-il digne de Dieu ?
Nous ne pouvons
connaître Dieu par nous-mêmes. Il daigne se révéler à nous par son Fils, ainsi
que le dit l’apôtre Jean. (Jean 1:18). Et nous pourrions croire que les écrits
qui nous révèlent ce Fils bien-aimé, le Sauveur du monde, sont des écrits
purement humains, sortant, il est vrai, de la plume d’hommes pieux et bien
intentionnés, mais livrés à leurs propres pensées et à leurs souvenirs plus ou
moins certains ! Cela n’est-il pas en opposition directe avec les
promesses du Sauveur : « Le Consolateur, l’Esprit Saint, que le Père
enverra en mon nom, lui, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera
toutes les choses que je vous ai dites ». « Quand l’Esprit de vérité
sera venu, il vous conduira dans toute la vérité » (Jean 14:26 ;
16:13). Voilà la garantie divine que nous entendons de la bouche même du Fils
de Dieu, et qui nous assure que les écrivains des Évangiles, et j’ajouterai du
Nouveau Testament en entier, nous ont dit toute
la vérité, et que tout
ce qu’ils
disent est vérité.
J’admets qu’il y a des difficultés, d’apparentes contradictions. Mais parce que nous ne pouvons les résoudre et les expliquer, est-ce une raison pour déclarer que c’est une preuve que l’Esprit de Dieu n’a pas conduit les évangélistes en tout ce qu’ils ont écrit, de manière à ce que tout soit exact et vrai ? Ne peut-il pas y avoir quelque chose qui nous échappe, et qui étant connu, lèverait la difficulté et ôterait la contradiction Ne vaut-il pas mieux incliner son esprit borné, consentir à ignorer, et attendre qu’une lumière plus grande donnée de Dieu, nous rende clair ce que nous ne comprenions pas ? La considération seule que chacun des quatre Évangiles a pour but de nous présenter Jésus sous un caractère spécial, nous fera comprendre la raison de bien des différences que nous remarquons dans ces récits. En effet, chaque évangéliste rapportant un même fait, prendra dans les détails du fait ceux qui s’accordent avec le but de son évangile. Et quand je dis l’évangéliste, je veux dire l’Esprit Saint par la plume de l’évangéliste.
L’âme simple qui reçoit
les Écritures — et toutes les Écritures — comme la parole de Dieu, ne voit
point ces contradictions prétendues ou ne s’y arrête point. Tout, dans les
saintes lettres, lui est enseignement de Dieu. Elle a cette confiance en Lui
que même pour un détail, Il ne voudrait pas la tromper. Elle repose sur le sûr
fondement de la fidélité et de l’amour de Dieu. Et l’on viendrait lui dire :
« Telle chose est inexacte, elle ne saurait être de Dieu ; il y a
telle contradiction, ce ne peut être de l’Esprit de Dieu ». Et quand vous
aurez ainsi jeté le doute dans cette âme, quand vous l’aurez ébranlée en lui
disant comme un autre dans le temps passé : « Quoi, Dieu aurait-il
dit ? » avec quoi la rassurerez-vous ? Quel ferme appui lui
présenterez-vous ? Quelle sanction aurez-vous pour vos enseignements,
vous, ministre de l’Évangile, si tout
l’Évangile n’est pas vrai ?
Vous ne parlerez pas de cela en chaire, vous n’en direz rien dans vos entretiens privés, alléguerez-vous peut-être. Vous aurez donc un Évangile, une Bible, pour vous, que vous ne croirez qu’à moitié, et un Évangile, une Bible pour les simples, pour les laïcs, et en semblant vous appuyer sur son autorité, vous ferez vos réserves mentales ! Je crois mieux de votre droiture. D’ailleurs, il n’est plus temps de rien cacher. La science comme on l’appelle — « science faussement ainsi nommée » — est sortie du petit cercle des savants et des docteurs — ils le disent et le désirent eux-mêmes, et ces affirmations d’un rationalisme qui se déguise mal, se sont répandues dans les troupeaux. Beaucoup d’âmes en sont occupées, troublées et inquiètes, preuve en soit votre entretien d’hier. Il ne sert de rien de le dissimuler.
De semblables enseignements tendent à enlever toute certitude divine ; sans vous en rendre compte, vous sapez à sa base la vérité chrétienne. Si l’Écriture Sainte nous manque, sur quoi nous appuierons-nous pour connaître vraiment Dieu et nos destinées éternelles ? Je sais que l’on nous dit que c’est une erreur de faire reposer la foi sur une autorité extérieure comme la Bible. À quoi donc veulent-ils, ces gens, que nous recourions ? « Cherchez en vous-mêmes », est leur réponse (*). En nous-mêmes, oh ! qu’y a-t-il en moi-même qu’ignorance, obscurité, misère et péché ? Est-ce dans ce chaos de mes pensées que je trouverai un sûr appui ?
(*) « L’orateur s’est attaché d’abord à montrer l’erreur
commune du catholicisme et du protestantisme populaire et orthodoxe qui
aspirent tous deux à faire reposer la foi chrétienne sur une autorité infaillible et extérieure
à l’individu, et croient
trouver cette autorité, l’un dans le pape, l’autre dans la Bible
».
(Compte-rendu d’une conférence de M. Ch. Secrétan)
« Pour bonnes raisons, tous
les révélateurs sont suspects. Ils doivent prouver leur mission, établir leurs
titres, et l’événement montre assez qu’aucun
d’eux n’en a produit d’irrécusables.. Ce qui reste à faire est bien simple.
Puisque nous ne trouvons rien hors de nous, cherchons
en nous
»
Utopie de Ch. Secrétan.
Non, dans ces jours mauvais, où le torrent de l’incrédulité grossit sans cesse, il ne nous reste qu’un seul ferme appui, une seule forteresse où nous puissions nous réfugier et sur laquelle nous puissions compter, c’est la parole de Dieu, la Bible. Non pas la parole de Dieu renfermée dans la Bible, comme on dit, mais toute la Bible comme parole inspirée de Dieu, donnée tout entière par Dieu lui-même pour être une autorité infaillible et suprême. Non pas un livre où mon esprit faillible doit aller chercher, discerner et séparer ce qui est de Dieu et ce qui est de l’homme — qui suffirait pour cela, et que feraient tant d’âmes simples ? — mais un livre que je puis recevoir en toute sécurité comme une révélation tout entière donnée de Dieu et transmise par ses soins dans son intégrité. Ah ! c’est là le sûr fondement. Enlevez de cette parole quelque chose, sous prétexte que c’est humain, et vous ébranlez son autorité tout entière.
Et permettez-moi de vous faire remarquer que ce qui fait la vraie puissance de la vie chrétienne, c’est la soumission implicite à toute l’Écriture. Dès que le doute entre dans le cœur, la vie s’affaiblit. Cela seul ne nous montre-t-il pas qu’elle vient de Dieu tout entière ? Elle demeure « la parole vivante et pénétrante, plus qu’une épée à deux tranchants », « l’épée de l’Esprit » pour détruire la puissance du mal. Mais si vous en émoussez le tranchant, que reste-t-il ?
Agréez, Monsieur, mes salutations chrétiennes.
Mon cher ami
Les jours où nous vivons sont bien ces « temps fâcheux » annoncés par l’apôtre. (2 Tim. 3:1). Nous n’avons plus seulement à lutter contre une incrédulité qui nie audacieusement Dieu, le christianisme et toute réalité en dehors du monde des sens ; il existe un courant d’incrédulité beaucoup plus subtil qui circule dans les différents corps religieux professant le christianisme, et qui ne tend à rien moins qu’à miner les fondements mêmes de la vérité. Un des points les plus fortement attaqués est, vous le savez, l’inspiration des Écritures.
Rien d’étonnant dès lors à ce que nombre d’âmes pieuses et sincères soient troublées par les affirmations (ou plutôt les négations) de plusieurs de ceux mêmes qui se posent comme conducteurs et docteurs dans l’Église. Suivant leurs enseignements, ce que nous avions appris à révérer comme la parole inspirée de Dieu, comme l’autorité infaillible sur laquelle notre foi pouvait s’appuyer en toute sécurité — la Bible — ne serait pas tout entière, ou même plus du tout la parole de Dieu. Vous savez les diverses opinions que l’esprit spéculatif de l’homme s’est formé sur ce sujet de toute importance. Plusieurs admettent bien que, dans son ensemble, la Bible est un livre divin, mais où se trahissent l’infirmité ou la faiblesse du vase auquel la révélation fut confiée. C’est à cela, disent-ils, qu’il faut attribuer les erreurs, les divergences, les contradictions, qu’ils voient dans le saint volume. Selon d’autres, la parole de Dieu est bien dans les Écritures, mais elles ne sont pas tout entières la parole de Dieu — « l’Écriture divinement inspirée ». Il faut y discerner ce qui est de Dieu et ce qui est de l’homme. Pour d’autres enfin, la Bible serait un document religieux digne de respect, sans doute, mais nullement dû à une intervention spéciale et miraculeuse de Dieu. Avec de semblables systèmes, nous n’avons évidemment plus aucune certitude relativement à ce qu’il y a de plus important pour nous, c’est-à-dire à la révélation que Dieu a faite de Lui- même, de ses pensées et de ses voies. Nous sommes renvoyés à nous-mêmes, êtres bornés et faillibles, dont le péché a obscurci l’entendement ; c’est notre raison, notre conscience, nos sentiments qui doivent décider de ces grands objets, Dieu et nos destinées éternelles. Et comme nous pouvons nous tromper, nous n’aurons jamais aucune certitude de posséder la vérité, car d’autres penseront autrement que nous sur le même sujet, et n’ayant plus une autorité à laquelle appeler, qui nous dira que ce n’est pas eux qui ont raison, et nous qui nous trompons ? Le doute surgit ainsi dans l’âme ; l’ancienne parole de l’ennemi : « Quoi, Dieu aurait-il dit ? » s’y fait entendre, et jusqu’où l’on peut aller dans cette voie, plus d’un triste exemple le montre.
N’est-il donc pas possible de faire voir à ceux qu’ont troublés les attaques contre l’inspiration des Écritures et leur autorité divine, que, sans entrer dans les recherches d’une science qui souvent égare et qui est hors de la portée de la grande majorité des chrétiens, ils peuvent se rassurer, parce que Dieu lui-même a mis son sceau sur ce Livre où ils ont trouvé lumière et force, consolation et espérance ? Je le crois, et j’aimerais, mon cher ami, vous présenter quelques pensées sur ce point capital, heureux si ces lignes pouvaient contribuer à affermir des âmes dans la foi à la pleine inspiration des Écritures.
Le chemin de la science n’est pas celui de la foi. Les doutes viennent de l’incrédulité ; Jésus nous dit : « Ayez foi en Dieu » (Marc 11:21), et la foi nous présente dans le caractère de Dieu, dans l’Écriture même et dans les enseignements de Jésus, le sûr fondement de certitude dont nous avons besoin à l’égard de l’inspiration pleine et entière de la Bible.
Dieu a parlé
;
voilà une chose certaine pour toute âme chrétienne, car sans cela nous
n’aurions aucune connaissance de ce qu’il est, de ses desseins, de ses pensées,
de son caractère, de nos relations avec Lui. En dehors d’une révélation, nous
pouvons savoir qu’il existe ; nous pouvons voir sa puissance dans ses
œuvres (Rom. 1:19, 20), mais c’est tout. Or si Dieu a parlé, si, dans sa grâce,
il nous a donné de Lui-même une révélation, ne pouvons-nous pas être certains
d’avance, qu’il aura eu soin que toutes les paroles par lesquelles il s’est
révélé, récits, enseignements, prophéties, nous fussent transmises fidèlement,
exactement, sans alliage humain, sans mélange d’erreur ? Car c’est là l’inspiration
. Serait-il
digne de Lui, et en harmonie avec sa sagesse et sa bonté, qu’après avoir parlé
afin de se révéler à nous et de nous faire connaître ses pensées, il eût
abandonné à des hommes faillibles le soin d’exprimer selon leur capacité et du
mieux qu’ils pourraient, ce qu’il avait à nous communiquer ? Bien plus,
aurait-il permis que ses paroles fussent mêlées à des récits légendaires
d’invention humaine ? Non, n’est-ce pas ? La révélation
qu’il a donnée ne peut être que parfaite, ainsi que la communication
qui nous en est faite.
Nous pouvons avoir confiance en sa bonté et sa sagesse.
Une question importante
est de savoir comment Dieu a parlé. Un passage de l’épître aux Hébreux nous le
dit : « Dieu, ayant autrefois, à plusieurs reprises, et en
différentes manières, parlé
aux pères
par les prophètes
, à la fin de ces
jours-là, nous a parlé
dans le
Fils » (Hébr. 1:1). Les prophètes, nous le savons, n’étaient pas seulement
des hommes qui annonçaient l’avenir, mais, d’une manière générale, des hommes
en qui Dieu mettait ses paroles ; ils étaient la bouche de Dieu pour
communiquer les choses que Dieu avait à dire. Durant une période de plus de
mille années, ils furent suscités au sein du peuple juif pour lui parler au nom
de l’Éternel. Ils parlèrent « en
plusieurs manières
», dans des récits historiques, des lois et des
ordonnances, des préceptes, des cantiques, des exhortations, des enseignements,
des consolations, des menaces de jugement, des promesses de bénédictions, des
prophéties ou prédictions concernant Israël et les nations ; mais tout ce
qu’ils disaient comme prophètes, tout ce qu’ils écrivirent comme tels, était
inspiré de Dieu, pur de toute erreur, garanti par la vérité et la fidélité
mêmes de Dieu. Ils parlaient et écrivaient les paroles de Dieu. L’apôtre Pierre
exprime ce fait par ces paroles : « La prophétie (la révélation des
pensées de Dieu) n’est jamais venue par
la volonté de l’homme
, mais de saints hommes de Dieu ont parlé, poussés par
le Saint-Esprit » (2 Pierre 1:21). Et c’est pourquoi Paul appelle avec
juste raison leurs livres « les
oracles de Dieu
» (Rom. 3:2), et qu’autre part il dit :
« Toute Écriture est inspirée de Dieu », entendant évidemment par là
« les saintes lettres » dont il venait de parler (2 Tim. 3:15, 16).
Et, pour le dire en passant, comment l’homme de Dieu serait-il rendu
parfaitement accompli, si l’Écriture qui l’enseigne, le corrige et l’instruit,
n’était pas tout entière de Dieu ?
Vous avez sans doute
remarqué que j’ai dit : ce qu’ils disaient et écrivaient comme prophètes
, car il est évident
qu’ils n’étaient pas toujours sous cette action de l’Esprit Saint qui rendait
infaillibles leurs paroles et leurs écrits. Eux-mêmes nous parlent de leurs
fautes et de leurs manquements. Ils n’étaient pas des hommes infaillibles, mais
parlant et écrivant comme « prophètes », leurs paroles et leurs
écrits étaient entièrement de Dieu. Ils peuvent dans leurs récits rapporter, en
même temps que des paroles et des actes de Dieu, des paroles et des actes
d’hommes et même d’hommes et d’êtres méchants, tels que Satan ; mais tout
est le récit que Dieu lui-même donne, et par conséquent il est d’une exactitude
parfaite. Ce que je viens de dire s’applique aux auteurs du Nouveau Testament qui
eux aussi étaient « prophètes » (Éph. 2:20).
Quelqu’un pourrait dire : « J’admets que nous avons les paroles de Dieu dans les parties de l’Écriture où l’Éternel annonce qu’il parle Lui-même, comme dans les livres de Moïse et les prophètes, mais fallait-il l’inspiration de Dieu pour rapporter les faits historiques ? » Oui, afin que nous eussions la certitude qu’ils sont vrais, d’une vérité absolue. L’homme, dans le récit d’un fait, le plus simple même, mêle toujours du sien. Et comme les faits rapportés dans l’Écriture ont toujours trait aux grands desseins de Dieu et nous disent ses voies, en même temps que son caractère, il était nécessaire qu’ils nous fussent donnés sans mélange d’erreur. Ils font partie des « oracles de Dieu », au même titre que les prophéties les plus sublimes, que les enseignements les plus profonds, que les préceptes propres à nous diriger dans la vie, que les épanchements de l’âme parlant par l’Esprit Saint.
Avant d’aller plus
loin, j’aimerais, mon cher ami, ajouter quelques mots sur la seconde grande
époque où Dieu a parlé
. C’est lorsque
Lui-même, dans la Personne de son Fils bien-aimé, a daigné venir sur la terre.
Quelle pleine et parfaite révélation de Dieu n’avons-nous pas alors dans la vie
et les enseignements de Jésus ! C’étaient bien les paroles de Dieu, venant
directement de sa bouche, qui se faisaient alors entendre. « Personne ne
vit jamais Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a
fait connaître ». « Celui que Dieu a envoyé parle les paroles de
Dieu » (Jean 1:18 ; 3:34). Mais les faits de la vie de Jésus, ses
paroles et ses enseignements, nous ont été transmis par des hommes ; or,
pour nous communiquer ce qui concerne son Fils, pour nous rapporter ses paroles
— toutes de grâce et de vérité — pour déployer devant nos yeux et nous faire
connaître ce qu’est sa Personne adorable, ce qu’il était dans les profondeurs
de l’éternité, ce qu’il est devenu dans le temps, et ce qu’il a accompli, comme
Créateur ou comme Rédempteur, pouvons-nous supposer un moment que Dieu en ait
abandonné le soin à l’intelligence et à la mémoire d’hommes faillibles, sujets
à être influencés par l’opinion des autres ou par leurs propres
sentiments ? Puis, lorsqu’il s’agit d’annoncer l’Évangile aux nations, de
fonder l’Église, de lui donner les enseignements nécessaires à sa vie dans les
âges suivants, de faire connaître ses destinées et celles du monde, est-ce que
Dieu et le Seigneur Jésus pouvaient laisser à eux-mêmes les hommes qui avaient
à accomplir une telle tâche, et ne pas leur donner ces enseignements et les
préserver d’erreur quand ils les écrivaient ? Cela répondrait-il au
caractère du Dieu de bonté et de vérité, qui, s’il donne une révélation, veut
assurément que nous l’ayons pure, sans mélange humain ?
N’avez-vous pas été
frappé, cher ami, d’un passage de Paul qui vient à l’appui de ce que je viens
de dire ? « Qui des hommes », dit-il, « connaît les choses
de l’homme, si ce n’est l’esprit de l’homme qui est en lui ? Ainsi
personne ne connaît les choses de Dieu non plus, si ce n’est l’Esprit de
Dieu… Mais nous, nous avons reçu l’Esprit qui est de Dieu, afin que nous
connaissions les choses qui nous ont été librement données de Dieu ;
desquelles aussi nous parlons, non point en paroles enseignées de sagesse
humaine, mais en paroles enseignées de
l’Esprit
» (1 Cor. 2:11-13). Ainsi Dieu a communiqué les choses qu’il
voulait faire connaître, et il a donné par son Esprit les paroles pour les
rendre. Elles sont ainsi les paroles inspirées de Dieu. Je le répète, à quoi
aurait-il servi que Dieu eût donné à des hommes la révélation parfaite de ses
pensées, si pour la communiquer, ils n’avaient eu que les moyens imparfaits de
leurs propres facultés ?
Dieu a donc veillé à ce que nous eussions dans la Bible, dans les écrits de l’Ancien et du Nouveau Testament, sa parole, sa parole écrite, toute sa parole, et rien que sa parole. Nous avons ainsi — en dehors de nous-mêmes — une autorité infaillible, celle de Dieu dans sa parole, une autorité à laquelle nous pouvons en appeler, une règle sûre, une lumière sans mélange pour guider nos esprits et nos cœurs. Quel repos pour l’âme, cher ami, d’avoir pour appui, au lieu de l’incertitude des pensées humaines et des sentiments flottants de nos cœurs, la parole de notre Dieu, « vivante et permanente, et qui demeure éternellement » (1 Pierre 1:23, 25).
Mais, pour appuyer
notre foi dans l’autorité et la divine inspiration des Écritures, nous avons,
grâces à Dieu, plus que les considérations qui précèdent : nous possédons
un témoignage irrécusable
. C’est celui
de Jésus-Christ. Voudrions-nous, en écoutant les docteurs humains et ce
qu’oppose « une connaissance faussement ainsi nommée », avoir une
autre pensée que le Docteur divin ? Recevoir ce que Jésus recevait,
envisager les Écritures comme Lui les regardait, c’est être dans la voie de la
vérité, et c’est une sécurité parfaite pour l’âme. Apprenons donc d’abord ce
qu’il pensait de l’Ancien Testament, ce qu’étaient pour Lui les Écritures
confiées au peuple juif. Nous verrons ensuite que les Écritures du Nouveau
Testament ont la même garantie divine, c’est-à-dire la parole de Jésus. On ne
peut admettre la divine inspiration de l’un, sans admettre celle de l’autre.
Pour Jésus, le Fils de
Dieu, le recueil des livres que nous nommons l’Ancien Testament, était tout
entier la parole de Dieu. Il recevait comme divines toutes les paroles de ces
Écritures ; elles étaient pour Lui l’autorité sans appel. Tel est le fait
qui ressort d’une simple lecture des Évangiles. Remarquez d’abord que Jésus
acceptait l’Ancien Testament tel que l’avaient les Juifs de son temps, tel
aussi que nous le possédons. C’était la
loi de Moïse
, les prophètes
, et les Psaumes
(Luc 24:44), ce qui comprend
tout le recueil. Vous savez, comme moi, que la première division renfermait le
Pentateuque, la seconde les autres livres historiques et les prophètes
proprement dits, et que, sous le titre de Psaumes, il faut entendre les livres
auxquels on donne aussi le nom d’Hagiographes ou écrits saints, c’est-à-dire les
Psaumes, les Proverbes, l’Ecclésiaste et le Cantique. Quelquefois Jésus nomme
l’ensemble de l’Ancien Testament « la loi et les prophètes » ;
d’autres fois simplement « la loi ». C’était
« l’Écriture », ou « les Écritures », ou « ce qui est
écrit », mais sous quelque nom qu’il le désigne, pour Lui c’est « la
parole de Dieu », et comme telle, « l’Écriture qui ne peut être
anéantie » (Jean 10:35 ; Marc 7:13). Aussi nous dit-il que tout ce
qui y est écrit doit s’accomplir, jusqu’à « un iota et un trait de lettre
». « Il est plus facile que
le ciel et la terre passent, qu’il ne l’est qu’une
seule lettre
de la loi tombe », dit encore notre divin Maître (Matt.
5:17, 18 ; Luc 16:17). Telle est la valeur qu’il attachait même à une
parole, à une lettre de l’Écriture. Pourquoi ? Parce que pour Lui, elle
était tout entière la parole de Dieu. « Ne pensez pas », ajoute-t-il,
« que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je ne suis
pas venu pour abolir, mais pour accomplir ». Accomplir quoi, sinon ce qui
pour Lui était la parole de Dieu ?
Aussi cette Écriture qui ne peut être anéantie, constituait-elle aux yeux de Jésus une autorité absolue et infaillible, de sorte que « il est écrit » décidait toute question.
C’est ainsi qu’il la cite à Satan pour repousser ses attaques, à ses adversaires pour les confondre, à ses disciples pour les instruire et les encourager. C’est l’Écriture qu’il prend pour texte de son enseignement dans la synagogue à Nazareth (Luc 4), et qu’il dit être accomplie en Lui. C’est à l’Écriture qu’il renvoie les Juifs pour établir la divinité de sa mission (Jean 5:39). C’est Moïse et les prophètes qu’il faut écouter et croire pour éviter de venir dans le lieu des tourments (Luc 16:29-31). C’est d’après l’Écriture qu’il instruisait ses auditeurs, étonnant ainsi les Juifs qui se disaient : « Comment celui-ci connaît-il les lettres ? » (Jean 7:14, 15).
N’est-il pas aussi digne de remarque que cette autorité à laquelle Jésus fait constamment appel, il l’attribue à toutes les parties des Écritures, même aux livres et aux récits que la science incrédule des docteurs soi-disant chrétiens mettent en doute ?
Jésus cite les récits de l’Ancien Testament ou y fait allusion. S’agit-il de montrer l’indissolubilité du mariage, il remonte à son institution, telle qu’elle nous est rapportée dans la Genèse, et met en même temps son sceau à ce que ce livre dit de la création de l’homme (Matt. 19:4-6). En Luc 17:26-30, 32, Jésus reconnaît comme des faits réels ce que la Genèse rapporte du déluge et de la destruction de Sodome et Gomorrhe, ainsi que de la triste fin de la femme de Lot. Faut-il prouver aux sadducéens la grande vérité de la résurrection des morts, il l’établit sur les Écritures : « Quant aux morts, et à ce qu’ils ressuscitent, n’avez-vous pas lu dans le livre de Moïse, au titre du buisson, comment Dieu lui parla, disant : Moi, je suis le Dieu d’Abraham et le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob ? » (Marc 12:24-26) Jésus rappelle le récit de Moïse touchant la manne (Jean 6:49). Pour défendre ses disciples de l’accusation d’avoir violé le sabbat, il cite le fait de l’histoire de David rapporté en 1 Samuel 21:6 (Marc 2:23-26). Dans la synagogue à Nazareth, il reprend l’incrédulité de ses auditeurs, en plaçant devant eux l’histoire de la veuve de Sarepta et celle de Naaman le Syrien, telles que nous les disent les livres des Rois (Luc 4:25-27). Pour Lui, tous ces faits sont vrais, rapportés qu’ils sont par l’Écriture, la parole de Dieu.
Jésus cite les prophètes. Il s’applique à lui-même les paroles d’Ésaïe annonçant l’an agréable du Seigneur (Luc 4:17-21), et remarquez que ce passage est tiré de la seconde partie du livre de ce prophète, que la science incrédule refuse de lui attribuer. Il rappelle qu’Ésaïe a annoncé l’incrédulité, l’endurcissement et l’hypocrisie des Juifs (Matt. 13:14, 15 ; 15:7-9). Il le cite encore en Jean 6:45 ; puis en Matthieu 21:13, où se trouve aussi une parole de Jérémie 7:11. Aux pharisiens, qui le blâmaient de manger avec des publicains et des pécheurs, il répond par une parole du prophète Osée (Matt. 9:13). À ceux qui Lui demandaient un miracle, il donne « le signe de Jonas le prophète ». « Comme Jonas fut dans le ventre du cétacé trois jours et trois nuits, ainsi le fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre » (Matt. 12:39, 40). Ainsi ce fait, objet des railleries des incrédules, et que des docteurs qui se disent chrétiens voudraient faire regarder comme une allégorie, est pour Jésus un fait réel et qu’il entend dans son sens littéral. Il met son sceau sur cette partie des Écritures de Dieu, comme il le fait pour Daniel, dont il cite un passage d’un chapitre que les docteurs modernes prétendent avoir été écrit longtemps après Daniel (Matt. 24:15). Enfin, le Seigneur cite aussi Malachie, le dernier de la série des prophètes (Luc 7:27).
Jésus cite aussi les Psaumes comme étant la parole de Dieu, due à l’inspiration de l’Esprit Saint. Il veut prouver aux pharisiens la divinité du Messie qu’ils attendaient. « Comment donc », leur dit-il, « David, par l’Esprit, l’appelle-t-il Seigneur ? » (Matt. 23:43). Veut-il montrer aux chefs des Juifs qui le rejetaient, ce qu’il était aux yeux de Dieu et la gloire qui Lui était réservée, ainsi que son retour à venir, c’est par des paroles d’un Psaume qu’il le fait (Matt. 21:42 ; 23:39). C’est par un passage d’un autre qu’il défend les petits enfants qui Lui rendaient hommage (Matt. 21:16). Et c’est sur un mot d’un Psaume qu’il appuie la doctrine qui le fait accuser de blasphème (Jean 10:34-36).
Et remarquez enfin, mon cher ami, que dans le moment le plus solennel, sur la croix, sous le poids du jugement de Dieu à cause de nos péchés, c’est encore une parole d’un Psaume qu’il prononce, et que c’est pour accomplir une autre écriture des Psaumes qu’il dit : « J’ai soif », et prend le vinaigre qu’on lui présente (Jean 19:28-30).
Toutes ces citations nous montrent clairement que pour Jésus, les Écritures de l’Ancien Testament étaient la parole inspirée de Dieu, l’autorité infaillible.
Après, comme avant sa
résurrection, c’est à ce qu’elles disent qu’il revient sans cesse. Si un
docteur de la loi ou si des pharisiens viennent Lui poser des questions pour le
surprendre, Jésus répond : « Qu’est-il écrit dans la loi ?
Comment lis-tu
? » (Luc
10:26). « N’avez- vous pas lu
? »
« N’avez-vous jamais lu
dans les
Écritures ? » (Matt. 19:4 ; 21:16, 42). Parle-t-il à ses
disciples de ses souffrances et de sa mort, ce sont « toutes les choses qui sont écrites
par les prophètes
touchant le fils de l’homme » qui seront accomplies (Luc 18:31). « Le
fils de l’homme s’en va, selon qu’il est
écrit
de lui » (Matt. 26:24). Et quand ressuscité, il leur apparaît,
c’est encore pour rappeler à ses disciples les choses que les prophètes ont
dites de Lui et qu’il faut croire ; toutes les choses qui sont écrites de
Lui dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les Psaumes, et qui
devaient être accomplies (Luc 24:25, 44). Il leur ouvre l’intelligence pour
entendre les Écritures (vers. 45) qui parlent ainsi de Lui. Que voudraient dire
ces paroles, si ces Écritures n’étaient pas de Dieu ? Oserions-nous taxer
le Seigneur d’exagération lorsqu’il affirme solennellement : « En
vérité, je vous dis : Jusqu’à ce que le ciel et la terre passent, un seul iota ou un seul trait de lettre
ne passera point de la loi, que tout ne soit accompli ? » Cela ne
nous dit-il pas que, pour Lui, les paroles mêmes étaient toutes de Dieu ?
Aurions-nous la témérité de penser que Lui, qui est la vérité, eût voulu mettre
son sceau sur un recueil qui n’aurait été qu’un livre d’homme, mélangé de vrai
et de faux, ou tout au plus des paroles inspirées de Dieu, mêlées à des paroles
purement humaines ? Voudrions-nous dire qu’il s’est accommodé aux idées
courantes, en admettant comme vrais des récits qui ne l’étaient pas ou qui
n’avaient qu’un fond de vérité ? Quelle idée nous ferions-nous du
caractère saint et sans tache du Fils de Dieu ? Il blâme les traditions
des anciens, elles n’ont à ses yeux aucune valeur, ce sont des paroles
d’hommes, qu’il met de côté pour faire d’autant mieux ressortir le caractère
divin et infaillible des Écritures. (Matt. 15:1-9). Nier l’inspiration de ces
Écritures, c’est porter atteinte au caractère de Christ, c’est mettre en doute
sa véracité. Un chrétien peut-il supporter une telle pensée ?
Quel repos pour le cœur d’avoir à l’égard du saint volume une certitude fondée sur le témoignage de Celui qui ne peut mentir. Quel bonheur, en l’ouvrant, de nous dire : « Voilà la loi que mon Sauveur portait dans son cœur (Ps. 40:8). Là Dieu me parle, tout y est de Lui, car son Fils lui-même me l’affirme. En dépit de toutes les spéculations et des raisonnements de la science humaine tendant à ébranler ou à amoindrir l’autorité de l’Écriture, je sais qu’elle ne peut être anéantie, Christ l’a dit. Elle demeure éternellement. Avec Jésus, je la reçois comme venant toute de Dieu. J’aime mieux le croire Lui, que de croire les hommes ».
Si du témoignage du Maître, nous passons à celui des disciples, nous voyons que, sans varier, il est le même. Il leur a ouvert l’intelligence pour entendre les Écritures, et, dès lors, ce sont ces Écritures qui constituent pour eux dans leurs enseignements l’autorité sans appel, l’autorité de Dieu. Comment en eût-il été autrement, formés comme ils l’étaient à l’école de Christ ? C’est de nos jours seulement que des docteurs qui se disent chrétiens, osent penser autrement que Jésus-Christ. Qui voulons-nous suivre ? Soyons satisfaits, mon cher ami, de marcher avec les apôtres sur les traces de Jésus-Christ. Mais examinons rapidement leur témoignage.
Si nous ouvrons les
Évangiles, nous entendons plus d’une fois leurs auteurs citer des passages de
l’Ancien Testament comme des paroles de Dieu accomplies en Jésus. « Afin
que fût accompli ce que le Seigneur a dit
par le prophète », lisons-nous dans Matthieu. « En sorte que fût
accompli ce qui a été dit par Ésaïe le prophète », « Afin que
l’Écriture fût accomplie » (Matt. 1:22 ; 2:15 ; 8:17 ;
12:17-21 ; Jean 21:24, 36, 37). Ce qui était accompli était ce que Dieu
avait prononcé.
Dans les Actes et les
épîtres, les apôtres établissent constamment leurs enseignements sur les
déclarations de l’Ancien Testament. Il serait trop long de reprendre une à une
toutes leurs citations. Remarquons seulement que pour eux les Écritures sont
toujours la parole de Dieu. En citant le prophète Joël, Pierre dit :
« Et il arrivera aux derniers jours, dit
Dieu
» (Actes 2:17 ; 3:25). Dans leur prière au Seigneur, les
disciples disent : « Ô Souverain !.. tu as dit
par la bouche de David » (Actes 4:25). Paul, citant
Ésaïe, dit : « Le Seigneur nous
a commandé
ainsi » (Actes 13:47). À Rome, s’adressant aux Juifs, il
dit encore : « L’Esprit Saint a bien parlé à nos pères par Ésaïe le
prophète (Actes 28:25). Jacques, à Jérusalem, cite « les paroles des
prophètes » ; Paul, à Thessalonique, discourt avec les Juifs
« d’après les Écritures » ; Apollos, à Corinthe, démontre
« par les Écritures » que Jésus est le Christ (Actes 15:15 ;
17:2 ; 18:28). Les Écritures étaient pour eux l’autorité
infaillible ; aussi lisons-nous que les Béréens sont loués ; parce
qu’ils confrontaient avec les Écritures ce que Paul leur disait (Actes 17:11).
Combien il serait à désirer que les chrétiens eussent, de nos jours, la même
confiance dans les Écritures, et examinassent aussi d’après elles les
enseignements qui leur sont apportés. Mais hélas ! c’est cette confiance
même qu’on ébranle. Remarquez encore que les deux grands discours d’Étienne
devant le sanhédrin et de Paul à Antioche, présentent l’abrégé de l’histoire
d’Israël selon des Écritures.
De même que leurs enseignements oraux, les écrits des apôtres se basent sur les Écritures de l’Ancien Testament, spécialement quand ils s’adressent à des églises renfermant beaucoup de convertis d’entre les Juifs, ou bien à celles que troublaient les docteurs judaïsants. Telles sont les épîtres aux Romains, aux Galates et aux Hébreux, auxquelles on peut joindre la première de Pierre. Cependant, dans d’autres épîtres, comme celles aux Corinthiens, Paul fait aussi usage des Écritures et rappelle, en particulier, que son enseignement touchant la mort et la résurrection de Christ, était « selon les Écritures ».
Je ne m’arrêterai pas à relever toutes les citations de l’Ancien Testament que renferment les épîtres que j’ai mentionnées. Je voudrais vous rappeler seulement quelques passages qui nous font voir comment les apôtres, Paul, par exemple, envisageaient les Écritures. L’apôtre des nations commence l’épître aux Romains, en disant que Dieu a promis son évangile « par ses prophètes, dans de Saintes Écritures, touchant son Fils ». Plus loin, il les nomme « les oracles de Dieu » (Rom. 1:2, 3 ; 3:2). Pour Paul, l’Ancien Testament était la parole de Dieu, de Saintes Écritures, les oracles de Dieu. Sommes-nous plus spirituels que lui ? Ceux qui nient la divine inspiration des Écritures, auront-ils une autorité plus grande que l’apôtre appelé de Dieu et amené à Christ d’une manière si merveilleuse ? Dans la suite de l’épître, il cite la Genèse, l’Exode, les livres historiques, les Psaumes, les prophètes, pour appuyer ses enseignements, et quand il en vient aux exhortations, ce sont encore des passages de l’Ancien Testament qu’il cite en abondance.
Voyez-le voulant
démontrer que c’est en Christ que sont scellées les promesses. Il argumente sur
un seul mot
, mais ce mot, Dieu l’a dit
. « Il ne dit
pas : et aux semences, mais à ta
semence
, qui est Christ » (Gal. 3:16). Cela ne vous rappelle-t-il pas
la parole de Jésus : « Pas une lettre de la loi ? »
L’apôtre Paul ne regardait pas la Genèse comme une compilation confuse de
documents légendaires ; de même que les autres parties de l’Ancien
Testament, elle était pour lui au nombre des oracles de Dieu, une écriture
divinement inspirée jusque dans ses expressions. Encore une fois qui
suivrons-nous ? Les savants de nos jours dans leurs négations ne
produisant que le doute, ou Paul, l’apôtre et le docteur des nations, marchant
sur les traces du divin Docteur, appuyé fermement sur la pleine autorité des
Écritures inspirées de Dieu ?
Permettez-moi d’ajouter
encore ou mot sur la grande et importante lettre adressée aux hébreux et destinée
à établir la supériorité de Christ et de l’économie chrétienne, sur Moïse et
les institutions de la loi. Là abondent les témoignages tirés des Écritures de
l’Ancien Testament considérées comme la parole de Dieu. Dès le début, l’auteur
de l’épître montre que c’est bien ainsi qu’il les envisage : c’est
« Dieu parlant par les prophètes ». Aussi dans toute l’épître, devant
chaque citation se trouve cette expression « Il dit
», c’est-à-dire Dieu dit (Chap. 1:5, 6, 7, 13 ;
4:4 ; 5:5, 6, etc.). En un endroit, en citant un Psaume, il y a :
« L’Esprit Saint dit », et plus loin : « L’Esprit Saint
aussi nous en rend témoignage » (3:7-11 ; 10:15-17). C’est donc
l’Esprit Saint qui inspire l’auteur des Psaumes et les prophètes. Aussi, voyez
comme l’apôtre prend successivement toutes les expressions du Psaume 95 qu’il
cite, insistant particulièrement sur un seul mot « aujourd’hui »,
montrant ainsi la valeur qu’il y attache, parce que pour lui ce seul mot est de
Dieu. Nous pourrions faire une remarque analogue au sujet du Psaume 110, dont
un verset est cité et commenté dans les chap. 5, 6, 7, pour établir la grande
vérité de la sacrificature de Christ.
Je laisse les autres épîtres et l’Apocalypse, où nous trouverions aussi des témoignages directs ou indirects rendus à l’Ancien Testament. Ce que nous avons vu suffit à démontrer que, pour les apôtres, comme pour Christ, ce livre était l’autorité infaillible, parce qu’il était de Dieu jusque dans ses paroles.
Mais si le témoignage de Jésus-Christ et des apôtres nous garantit l’inspiration de l’Ancien Testament, celle du Nouveau n’est pas moins assurée. D’abord, pouvons-nous dans notre esprit séparer l’un de l’autre ? La révélation de Dieu dans son Fils, en qui se trouvent accomplies les paroles inspirées des prophètes, aurait-elle, été abandonnée, pour nous être transmise, à une parole ou une plume d’hommes faillibles, de sorte que nous ne pussions compter avec certitude sur ce qu’ils nous disent de la Personne, des actes, des paroles et des enseignements du Fils de Dieu ? Non. Si l’Ancien Testament est inspiré de Dieu, à plus forte raison le Nouveau l’est-il.
Pensons à la grandeur et à l’importance des choses que les écrivains du Nouveau Testament avaient à présenter. C’étaient les desseins éternels de Dieu ; c’étaient les profonds mystères qui concernent la Personne et l’œuvre du Rédempteur ; c’étaient les doctrines relatives à l’Église, et les enseignements dont elle aurait besoin pendant son existence sur la terre ; c’étaient les avertissements et les exhortations nécessaires pour les temps mauvais qu’elle aurait à traverser ; il fallait signaler d’avance les dangers à éviter, les erreurs et les ennemis à combattre ; il fallait annoncer les destinées futures de l’Église et du monde, de même que Moïse et les prophètes avaient fait connaître les origines et le passé. Qui était suffisant pour ces choses ? Elles sont confiées à des hommes simples, ignorants, illettrés pour la plupart. Comment livrés à eux-mêmes eussent-ils pu accomplir une telle tâche, bien plus grande, que celle des prophètes d’autrefois ? Ils l’accomplissent cependant ; ils écrivent, et sous leur plume nous apparaissent les gloires éternelles de la personne du Fils — la Parole devenue chair ; son abaissement — aux acclamations de l’armée des cieux, l’enfant couché dans la crèche ; son œuvre d’amour, d’abnégation et de dévouement se terminant sur la croix ; ses agonies en Gethsémané, son abandon sur Golgotha ; puis sa résurrection et son exaltation dans les cieux. Et tout cela écrit d’un style simple, sans aucune emphase, sans paroles inutiles, un style qui semble planer au-dessus des choses, les voir d’en haut. Ils écrivent et avec la même simplicité nous parlent des mystères cachés en Dieu avant les siècles et qu’ils viennent dérouler devant nous. D’où avaient-ils cette connaissance et cette capacité ? Comme les prophètes d’autrefois, l’Esprit Saint leur donnait les pensées et la connaissance des choses, puis les préservait d’erreur quand ils les transmettaient par parole ou par écrit. Mais tandis que les prophètes, après avoir dit les paroles de Dieu, avaient encore à les étudier (1 Pier. 1:10-12), l’Esprit Saint qui demeurait dans les écrivains du Nouveau Testament leur donnait en même temps la connaissance, l’expérience et la jouissance des choses qu’ils écrivaient. Sans cette inspiration, semblable à celle des prophètes de l’Ancien Testament que le témoignage de Jésus-Christ affirme, quelle garantie aurions-nous pour le Nouveau ?
Ils écrivent donc, eux
aussi poussés par l’Esprit Saint que leur Seigneur leur avait promis. « Je
prierai le Père, et il vous donnera un autre Consolateur, pour demeurer avec
vous éternellement
, l’Esprit de
vérité ». « L’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera toutes choses
, et vous
rappellera toutes les choses que je vous ai dites ». « Quand
celui-là, l’Esprit de vérité, sera venu, il vous conduira dans toute la vérité
… et il vous annoncera les choses qui vont arriver
. Celui-là me glorifiera ; car il prendra de ce qui est à moi
, et vous
l’annoncera » (Jean 14:16, 17, 26 ; 16:13-14). N’avons-nous pas ici
de la bouche du Sauveur l’assurance divine, que soit pour ce qu’ils avaient
encore à apprendre, soit pour leur rappeler les choses qu’ils avaient déjà
entendues, soit enfin pour annoncer les choses à venir, ils seraient enseignés
par l’Esprit Saint, et ainsi conduits dans toute la vérité, pour accomplir leur
mission ? Se serait-elle bornée à leurs enseignements oraux ?
N’avaient-ils pas aussi à transmettre ces enseignements par leurs écrits ?
« Nous vous l’annonçons, afin que vous ayez communion avec nous… Et nous vous écrivons ces choses
, afin que
votre joie soit accomplie », dit l’apôtre Jean (1 Jean 1:3, 4).
Le Seigneur ressuscité réitère à ses disciples la promesse du Saint-Esprit (Luc 24:45-49 ; Actes 1:8), afin qu’ils fussent remplis de puissance et capables de porter son nom jusqu’aux extrémités de la terre. Cette promesse s’accomplit le jour de la Pentecôte (Actes 2), et dès lors nous voyons ces hommes autrefois lâches et craintifs, se présenter hardiment au monde et parler avec une autorité aussi grande que celle des prophètes d’autrefois, avec l’autorité de Dieu, et Dieu confirme leur témoignage par des signes évidents, soit conversions, soit miracles (Hébr. 2:3, 4). Leur autorité serait-elle moindre, lorsqu’ils écrivent les récits de la vie et des enseignements de Jésus, les commencements de l’Église dans les Actes, leurs épîtres pour l’instruction de l’Église, ou le livre qui révèle l’avenir ? N’oublions pas que l’apôtre Paul est compris au nombre de ces apôtres et écrivains inspirés. Le Saint-Esprit était aussi descendu sur lui après sa conversion remarquable, et il avait reçu, directement du Seigneur dans la gloire, son appel à l’apostolat, pour porter le nom de Christ devant les nations et les gouverneurs et les rois. Ses épîtres forment le tiers environ du Nouveau Testament.
J’ai dit que les apôtres se présentent comme revêtus d’autorité. Aussi, ce qu’ils enseignent est-il appelé « la parole de Dieu », « la parole du Seigneur », ou « la parole », de même que l’on disait « l’Écriture » (Actes 4:29, 31 ; 6:2 ; 8:14 ; 11:1 ; 12:24 ; 13:5 ; 15:36 ; 16:6), et Paul annonçait « tout le conseil de Dieu » (Actes 20:27).
Dans leurs écrits
aussi, les écrivains du Nouveau Testament, et Paul en particulier, affirment
que ce qu’ils disent et écrivent est du Seigneur. L’esprit de vérité et
l’esprit d’erreur se connaissent à cela, que celui qui est de Dieu écoute les
apôtres, et que celui qui n’est pas de Dieu ne les écoute pas (1 Jean 4:6).
C’est qu’en même temps qu’ils étaient apôtres, ils étaient aussi prophètes — la
bouche de Dieu pour révéler ses pensées et ses desseins (Éph. 2:20 ; 3:3-5).
Dans ce dernier passage, Paul dit : « ainsi que je l’ai déjà écrit
». Il parle autre part du
mystère qui, « par des écrits prophétiques », a été donné à connaître
à toutes les nations (Rom. 16:26). Dans un passage de la seconde épître de
Pierre, les fidèles sont exhortés à se souvenir des paroles des saints
prophètes et du commandement du Seigneur et Sauveur par les apôtres, ceux-ci
étant mis sur le même rang que les prophètes (2 Pierre 3:2). Et dans la même
épître, nous savons que Pierre place les lettres de Paul au nombre des
Écritures (2 Pierre 3:15, 16). Nous avons déjà remarqué le passage où Paul
exprime que lui et ses compagnons d’œuvre recevaient par l’Esprit les choses de
Dieu, et les annonçaient en paroles enseignées de l’Esprit. Assurément, ce
qu’ils écrivaient avait aussi la même garantie divine. Remarquons avec quelle
autorité Paul parle dans ses lettres. Il se dit, quand il écrit, apôtre ou
envoyé par Dieu le Père et le Seigneur Jésus-Christ. Ainsi fait aussi Pierre.
Cela n’a-t-il pas la même valeur que lorsqu’un prophète disait :
« Ainsi a dit l’Éternel ? » Oui, et même plus, car le ministère
des apôtres surpassait en gloire celui de l’ancienne alliance, c’était le
ministère de l’Esprit » (2 Cor. 3:7-9). « C’est Dieu », dit
encore Paul, « qui a mis en nous la parole de la réconciliation. Nous
sommes donc ambassadeurs pour Christ, Dieu, pour ainsi dire, exhortant par
nous » (2 Cor. 5:19, 20). Et il ne falsifiait pas la parole de Dieu (4:2).
Il a reçu l’évangile par la révélation de Jésus-Christ. Il lui a été confié une
administration de Dieu pour « compléter
la parole de Dieu
» (Gal. 1:12 ; Col. 1:25), par la révélation du
mystère de l’entrée des nations dans l’Église. Autre part, il dit :
« Nous vous déclarons ceci par la
parole du Seigneur
». « J’ai reçu du Seigneur
ce que je vous ai enseigné ». « Si quelqu’un
pense être prophète ou spirituel, qu’il reconnaisse que les choses que je vous écris sont le commandement
du
Seigneur ». « Vous avez accepté, non la parole des hommes, mais
(ainsi qu’elle l’est véritablement) la parole de Dieu ». « Retenez
les enseignements que vous avez appris, soit par parole, soit par notre lettre
» (1 Cor. 11:23 ;
14:37 ; 1 Thess. 4:15 ; 2:13 ; 2 Thess. 2:15). Que Paul parlât
comme apôtre ou qu’il écrivît comme tel, ce qu’il disait ou écrivait était la
parole de Dieu. Et il en est de même des autres écrivains du Nouveau Testament.
Si Jacques et Jude se disent simplement esclaves de Jésus-Christ, est-ce pour
apporter autre chose que la parole du Maître ? Jean écrit, afin de
confirmer ainsi son enseignement oral (Jean 20:31 ; 1 Jean 1:4, 5 ;
2:26). Quant à l’Apocalypse, elle est la révélation de Jésus-Christ communiquée
à Jean, afin qu’il écrive les choses qu’il a vues, celles qui sont, et celles
qui viendront après celles-là. (Apoc. 1:1, 19). Ce sont les « paroles
certaines et véritables » (22:6), « les véritables paroles de
Dieu » (19:9), données par Jésus-Christ même, mais celles de tout le
recueil des livres du Nouveau Testament ne le sont pas moins.
Je vous soumets, mon
cher ami, ces quelques pensées. Pour vous, comme pour moi, et j’ose le dire,
pour chacun de ceux qui regardent simplement et avec confiance à Dieu, qui ont
senti dans leur âme la puissance des Écritures, leur inspiration pleine et
entière s’affirme, comme la lumière du soleil le fait aux yeux. On sent que
l’on ne peut séparer du saint recueil aucune de ses parties, qu’elles
constituent un tout unique, que, comme les différents membres du corps, chacune
a sa place et sa fonction, toutes
se
rapportant au grand objet des desseins et des voies de Dieu, Christ (Luc
24:27), et que si l’une des parties est de Dieu, toutes le sont au même titre.
Le témoignage de Jésus-Christ, ses promesses, la fidélité de Dieu, nous
garantissent de la manière la plus forte l’inspiration des Écritures ; et
la soumission du cœur à Dieu, l’esprit humble qui ne veut compter que sur Lui,
en donnent à l’âme une confirmation qui devient toujours plus positive, à mesure
qu’on lit avec prière et sous l’action de l’Esprit Saint cette « Écriture
divinement inspirée, utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour
instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli ». J’ai
dit « sous l’action de l’Esprit Saint », car l’apôtre qui
communiquait par des paroles enseignées de l’Esprit, les choses profondes de
Dieu révélées par l’Esprit, ajoute : « L’homme animal ne reçoit pas
les choses qui sont de l’Esprit de Dieu » (1 Cor. 2:14). Oui, c’est celui
qui ne juge pas Dieu avec sa pauvre raison humaine et sa science bornée, mais
se laisse juger et instruire par Lui, c’est celui-là qui de plus en plus
reconnaîtra avec reconnaissance et actions de grâces et adoration qu’il
possède, dans les Écritures, « les paroles certaines et véritables »
de Dieu, l’autorité infaillible pour la foi, la certitude entière quant à la
révélation de Dieu. L’état de l’âme entre pour beaucoup dans l’appréhension de
la vérité, et à cela aussi peut s’appliquer la parole du Seigneur :
« Si quelqu’un veut faire la volonté de Dieu, il connaîtra de la doctrine,
si elle est de Dieu » (Jean 7:17).
Je dirai aux âmes inquiètes : Lisez les Écritures en écartant les doutes qui ont pu surgir en vous, puisque vous avez à leur égard le témoignage de Christ ; lisez-les de suite, livre après livre, afin d’y saisir toujours plus clairement le plan de Dieu ; laissez-les vous pénétrer de leur enseignement, et leur lumière divine vous illuminera de plus en plus. Vous rejetterez comme profane tout ce qui attaque leur pleine inspiration, et avec bonheur vous vous reposerez sur cette parole qui subsiste à jamais — la parole du Dieu de vérité.
Pardonnez-moi, mon cher ami, et mes longueurs et mes répétitions. Le sujet est d’une importance majeure et je suis loin de l’avoir épuisé. À la foi en l’inspiration entière des Écritures, on peut objecter les variantes du texte, les contradictions apparentes, les traductions. Là n’est pas la question ; elle est : Avons-nous une révélation de Dieu ? Ceux qui font ces objections montrent simplement qu’ils ne veulent pas de cette révélation comme d’une règle et d’une autorité absolue. Que sont-ils ? Peut-on les dire encore chrétiens, eux qui minent le fondement du christianisme en ouvrant la porte à tous les doutes ? Les doctrines fondamentales, comme celles qui concernent la Personne de Christ et son œuvre, sont ensuite attaquées, et que nous reste-t-il ? Si Dieu le permet, je vous communiquerai aussi quelques pensées sur ces deux sujets. En attendant, recevez, mon cher ami, l’expression de mon sincère attachement….
P. S. — Permettez-moi d’ajouter encore quelques observations.
En premier lieu, nous n’avons pas à nous faire une théorie de l’inspiration. Le « comment » nous échappe et ne nous importe point. Toute la question est : la Bible tout entière est-elle de Dieu ? Appuyé sur le témoignage de Jésus-Christ, je dis oui, et par conséquent, elle est infaillible. Mais cela ne fait pas des écrivains sacrés des automates, et n’exclut en rien leur individualité, non plus que l’exercice de leurs facultés. Ils ont pu se souvenir, consulter des documents, entrer par leurs pensées et leurs affections dans ce qu’ils écrivaient, avoir tel but en composant leurs écrits, mais en même temps tout était de Dieu. Le style, la manière plus ou moins correcte de s’exprimer est bien à eux : c’est Moïse, Ésaïe, David ; c’est Luc, Jean ou Paul qui écrivent, mais c’est Dieu qui, par eux, exprime ce qu’Il voulait nous communiquer, afin que nous l’eussions avec une entière certitude.
On objecte les variantes des divers manuscrits. Mais cela n’infirme en rien l’inspiration des saints écrits. Dieu n’a pas garanti l’infaillibilité des copistes. On pourrait dans des copies faites d’un manuscrit d’un auteur, oublier ici une virgule ou une conjonction, un mot sans importance, là, mettre un synonyme qui n’altère pas le sens, l’original n’en serait pas moins de son auteur. Il en est de même des variantes du texte des Écritures. Les immenses travaux des savants qui s’en sont occupés, ont démontré leur peu d’importance. Aucune ne modifie une seule doctrine. Nul texte d’auteur ancien n’a été conservé avec une intégrité aussi parfaite que celui des saints écrits. Si l’infirmité de l’homme se montre dans ces variantes, la main dé Dieu s’est manifestée dans la conservation admirable du texte des Écritures. Et cela seul ne nous dit-il pas qu’elles sont de Lui ?
On a prétendu aussi que les traductions, toujours plus ou moins imparfaites, puisque les traducteurs sont faillibles, rendaient illusoire l’inspiration des Écritures. L’objection me semble bien puérile. D’abord elle ne prouve rien contre le fait de l’inspiration. Il est démontré. Ensuite, on sait que les traductions, même les moins exactes, n’altèrent point les faits et les doctrines fondamentales de l’Écriture, et le texte original reste toujours là comme règle pour vérifier l’exactitude des traductions et pour les corriger.
On objecte enfin les épîtres ou écrits contestés dans les premiers siècles. Leur admission tardive montre le soin que mettait l’Église à ne recevoir qu’à bonne enseigne au nombre des écrits canoniques ceux qui se présentaient. Dieu veillait lui-même à ce que rien qui ne vînt de Lui ne s’ajoutât au recueil sacré, afin que nous eussions toute sa parole et rien que sa parole.
On voudrait pour être assuré du canon du Nouveau Testament qu’il y eût une déclaration apostolique qui l’affirmât. Mais le canon de l’Ancien Testament n’a jamais eu une telle sanction, et cependant Jésus-Christ l’a accepté tel que les Juifs le recevaient. C’est Dieu, et non les hommes, qui a fait le canon des Écritures. Il a veillé providentiellement à sa formation dans l’un et l’autre cas, bien qu’en se servant des hommes comme d’instruments. C’est une question de foi.
Un mot encore sur des divergences ou contradictions dans des récits. S’il s’agit des Évangiles, par exemple, il semble bien, au premier abord, qu’il y en ait. Mais d’abord, plusieurs de ces divergences ont été expliquées, d’autres le seront peut être ; Dieu n’exclut pas le travail d’un esprit humble et soumis à sa parole. II faut enfin que nous sachions dire : « Je ne comprends pas », et attendre qu’une lumière se fasse sur ce que nous n’avons pas compris, si Dieu veut nous l’accorder. N’oublions pas enfin que les Évangiles ont chacun un but spécial. Ce ne sont pas quatre récits destinés à se compléter les uns les autres, mais quatre aspects sous lesquels l’Esprit Saint a voulu nous montrer la Personne adorable du Sauveur. Cette remarque peut fournir la raison de certaines divergences, comme, par exemple, celle que présentent les deux récits de la tentation.